C’était Zahlé – Carlos and Nevine Hage Chahine – 30.5×25 cm, 368 pages.
Livre C’était Zahlé
$74.00
Description
LebanonPostcard présente le livre C’était Zahlé – Carlos and Nevine Hage Chahine – Livre en Français et Anglais, Livre à couverture rigide avec protège, 30.5×25 cm, 368 pages.
C’était Zahlé est un florilège de textes et d’illustrations glanés par Carlos & Nevine Hage Chahine, au fil de leurs recherches bibliographiques. Passionnés de récits de voyage, où ils voient comme dans un miroir, des fragments d’histoire de leur pays, les voilà partis à leur tour pour un voyage dans le temps, explorer les fonds orientalistes de par le monde. De récit en témoignage, de gravure en photographie,
d’une intuition obstinée à un pur hasard, davantage que le fil d’Ariane, c’est le portrait de leur ville qui se dessinait devant eux, tantôt à coups de crayon et de pinceau, tantôt dans l’objectif des photographes.
Avant Propos
C’était Zahlé n’est pas directement un livre d’histoire sur Zahlé, même s’il n’est pas sans rapport avec l’histoire. Les textes et les illustrations qui y sont reproduits revêtent un intérêt documentaire indéniable et les lecteurs qui s’y réfèreront, pourront de toute évidence les considérer sous le rapport de l’histoire. Tel cependant n’est pas le propos des auteurs qui ont choisi, eux, de se placer sous le rapport de la piété filiale. Ce livre est d’abord un hommage d’amour qu’ils dédient à leur ville natale et d’adoption. Par un mouvement inverse de celui de la nature, les auteurs souhaitent s’acquitter d’une dette avant que d’étancher cette soif de connaître leurs origines, qui altère bien plus les émigrés contraints à l’éloignement, que les enfants du pays qui, ayant grandi sur les rives du Berdawni et à l’ombre de ses peupliers, sont restés plus proches de la sève nourricière. Ce livre vient donc témoigner de leur gratitude à la ville de leurs parents et de leurs ancêtres. Mais il n’est pas, disais-je, sans rapport avec l’histoire. Car la piété filiale est propice à un mode de connaissance, aujourd’hui bien oublié, qu’on appelle la «connaissance par connaturalité». Que l’on doive à sa petite patrie reconnaissance et gratitude, cela paraît indiscutable. Mais, me direz-vous, pourquoi filiales ? Et en quel sens la « connaturalité » rend-elle service à la connaissance ?
La piété filiale, dit la philosophie traditionnelle et éternelle, c’est le culte qu’il convient de rendre à nos parents, aux parents de nos parents, à nos ancêtres, à notre patrie, auxquels et par la médiation desquels nous devons l’existence, l’éducation, le langage et tous les biens physiques, moraux, intellectuels et spirituels. Ce n’est que justice après tout. Mais en est-on vraiment sûr ? En un siècle où l’individu, flatté de toutes parts par les sollicitations d’idéologies perverses et d’une société de consommation à outrance, est invité à se prendre pour sa propre divinité, il arrive que même les évidences perdent leur statut et finissent par s’obscurcir. Ce n’est que justice donc, et encore il ne s’agit que d’une sorte de justice imparfaite. Car la justice, dit Ulpien, consiste à rendre à chacun son dû. Or à l’égard de nos parents et de notre patrie, toute la tradition philosophique depuis Aristote observe que nous devons plus que nous ne pourrons jamais rendre. A leur égard nous sommes en quelque sorte des débiteurs insolvables. Serait-on le plus grand des génies qu’on resterait insolvable; serait-on le plus infortuné des hommes que l’on demeurerait redevable ne serait-ce que de l’existence – le plus grand des biens -, du langage « honneur des hommes », et de tous ces biens reçus en surabondance.
Aristote et saint Thomas d’Aquin associent dans la piété filiale le culte de la patrie et celui des ancêtres. Il s’agit là d’une piété naturelle conforme à la loi naturelle, c’est-à-dire une tendance vitale de notre nature, inscrite dans la structure même de notre être. Et cette piété naturelle est elle-même inséparable de la piété surnaturelle. «Toute chose créée, dit Jean Madiran, a ainsi en elle la loi de sa nature: et cette loi naturelle est d’aimer par-dessus tout son Créateur. L’univers entier aime naturellement Dieu…, mais il L’aime à sa manière de minéral ou de végétal… » Et Dom Gérard : « Le Créateur qui a lancé dans l’espace l’univers des esprits et des corps y a imprimé non seulement son effigie, mais un immense mouvement de reflux vers sa source ».
Il n’est pas douteux, au demeurant, que la piété filiale ne favorise en définitive l’écriture de l’histoire de Zahlé; qu’elle ne la conditionne même. Car « il y a, dit Marcel De Corte, un autre genre de connaissance : la connaissance affective… Nous connaissons en effet la vérité non seulement d’une manière speculative par conformité de la pensée à l’être, mais par connaturalité, par connaissance savoureuse de sa présence, par amour naturel ou surnaturel. Le bon citoyen connaît mieux sa patrie que le géographe ou le sociologue, parce qu’il l’aime. » (De la tempérance, pp. 64-65). Ce qu’un poète exprimait à sa manière en évoquant, à propos de Péguy, « cette France mystérieuse à l’étranger, claire à ses fils, sur laquelle on a si peu l’habitude de réfléchir parce notre connaissance n’en est pas discursive, mais congénitale ».
«Un objet est connu par connaturalité, observe Marcel De Corte, lorsque la conscience que nous en avons coïncide vitalement avec la tendance qui nous porte vers lui, en d’autres termes, lorsque l’intelligence et l’amour le présentent simultanément. Pour prendre un exemple très simple, l’expérience vécue de la faim définit beaucoup mieux la nourriture que ne peut le faire l’intelligence spéculative du chimiste. » (Primauté de la contemplation, p. 127). « L’homme qui marche dans le désert ne marcherait pas s’il ne portait l’image de l’eau en lui» (Dom Gérard). La connaissance dite « connaturelle » est pour ainsi dire instinctive. spontanée. Elle offre, avec la lumière de la raison, une des deux voies profanes pour connaître la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme, dont parle saint Paul. Il suffit donc de consulter sa nature humaine et « l’inclination naturelle de son cœur : mais la véritable inclination naturelle », précise Jean Madiran. Car il s’agit d’une connaissance confuse, qui risque d’être trompeuse, et que la lumière de la raison se doit d’éclairer. Intelligence et connaturalité vont généralement ensemble. L’une ne va pas sans l’autre. Elles s’éclairent et ‘enveloppent mutuellement. L’ordre humain naturel dominé par la finalité de notre être vers son achèvement et sa perfection, s’accompagne toujours de connaissance car l’homme est un être essentiellement doué de raison. Mais l’intelligence, ajoute De Corte, « ne peut se détacher [de cette connaissance connaturelle confuse] pour fonctionner d’une manière purement spéculative sous peine de transformer le bien en une abstraction qui répugne à sa nature concrète ».
La piété filiale apparaît ainsi non seulement comme un moyen, mais aussi la condition de la vraie recherche historique. Par ce livre, nous avons voulu rendre un culte d’honneur à notre ville. Et par les différents témoignages présentés tout au long de ces pages, lui témoigner de notre attachement. Puissent un jour ces documents servir aux historiens. Puisse aussi, puisse surtout un dialogue s’établir, dans la recherche de la vérité historique, entre l’intelligence spéculative et la connaissance par connaturalité, pour une connaissance « savoureuse de sa présence » à la fois plus fidèle et plus authentique.
CHC
LebanonPostcard se chargera d’envoyer le livre que vous commandez, par un service de messagerie rapide avec un numéro de suivi, garantissant la réception du colis. Le livre peut prendre entre deux et cinq jours pour arriver, selon le pays où il est envoyé.
Additional information
Weight | 2.2 kg |
---|---|
Dimensions | 1 × 1 × 1 cm |