Liban souriante splendeur

Description

LebanonPostcard présente le livre: Paul Coron, S.J. Liban souriante splendeur – Préface de Henri Torbey ministre de l’information – Les Editions Arabes

2.5×16.5 cm – 126 pages – Contient des belles anciennes photos du Liban.

PRÉFACE

Parlant de la vocation de Jeanne d’Arc, un des plus grands écrivains libanais d’expression française, Michel Chiha, disait que la grandeur de cette vocation résidait dans le fait que la Sainte de Domrémy a donné sa vie “pour un royaume, c’est-à-dire pour un certain nombre de paysages, de libertés et d’amours». On ne pouvait mieux définir la réalité profonde d’une nation, ce qui la rend tout à la fois singulière, précieuse, attachante comme un visage humain.

Paysages, libertés, amours: telles sont, en effet, les composantes qui, en s’interpénétrant et en se fondant les unes dans les autres, dessinent aussi bien les contours physiques d’un pays, son tissu sensible, que son essence spirituelle et l’horizon intérieur où se déploie son âme.

En intitulant son ouvrage, Liban, souriante splendeur, le Révérend Père Coron a bien marqué son intention de s’efforcer de saisir ce que ni l’enquête géographique ni l’étude anthropologique ne peuvent révéler pleinement: les pulsations de la vie d’un peuple, ses coordonnées affectives et intellectuelles, les liens qui l’unissent à son sol, à son passé, à son environnement, son regard sur le monde et la vocation qu’il entend y assumer.

La réussite de l’ouvrage me paraît résider, de fait, dans une merveilleuse aptitude à capter et à exprimer des réalités complexes, souvent fuyantes ou fugaces: les notations pittoresques s’y mêlent à l’exposé discursif et lui donnent l’irremplaçable saveur du vivant; les ressources de l’intuition et le don de sympathie animent et nourrissent constamment l’analyse politique et sociale, et débouchent sur des vues personnelles aussi suggestives que neuves et stimulantes. A cet égard, on retiendra tout particulièrement les développements consacrés à la vie culturelle du Liban et à la place de premier plan qu’y occupe la notion d’humanisme méditerranéen. Le Liban apparaît bien, une fois de plus, comme une terre de rencontres et de synthèses, où la culture arabo-musulmane et la civilisation occidentale poursuivent un dialogue commencé dès le Moyen Age.

Loin de tout conformisme académique, riche d’une information sérieuse et d’une réflexion pénétrante, écrit dans une langue à la fois dense, précise et évocatrice, ce livre apparaît comme une des tentatives les plus heureuses pour faire connaître et comprendre un pays, non par la froide relation du sociologue ou le fragile croquis des impressions d’un touriste, mais en en proposant une silhouette où la discrétion des lignes, loin d’empêcher la perception des profondeurs, les éclaire d’une lumière plus fluide et d’une plus vive transparence.

HENRI TORBEY

REGARD SUR LE LIBAN

Tout d’abord, un pays doit charmer par son nom. Le Liban qui unit, dans nos mémoires, les lys de l’épouse des Cantiques aux anémones d’Adonis, mêlant la légende et l’Histoire, évoque un coquillage dressé au long de la mer phénicienne. On ne se lasse pas d’écouter son immense rumeur.

Terre d’accueil et de réconciliation, hospitalière aux idées comme aux hommes, qui reçoit tout sans rien confondre: la neige et le soleil, la mer et les vallées, les sentiers de rocailles et l’or des orangers, la grâce des plages et le dénuement des hauts-lieux spirituels, le chant des muezzins et les processions de villages, le néon des night clubs et la jonchée de porphyre et de marbre des
civilisations disparues.

Terre du risque et du dépassement, qui ne trouve son salut qu’en allant toujours au-delà d’elle-même. Terre qui ne repousse pas le passé, mais qui, poussée par lui, le dépasse. Terre promise et terre de
promesses, où tout est prémices et annonciation, regard déjà attentif à ce qui n’est pas encore. Terre spirituelle, où chaque pierre vient d’un temple, où chaque arbre témoigne de quelque bosquet sacré, où chaque fontaine pleure un dieu, où chaque route mène à un monastère, où chaque soir s’emplit d’appels à la prière.

Terre de liberté enfin, et qui sait de quel prix elle l’a payée. Une liberté têtue et inlassable, qui a résisté aux chars de Pharaon comme aux cavaliers d’Assourbanipal, aux hoplites d’Alexandre comme aux archers de Darius, aux convoitises byzantines comme au passage des Croisés francs, à l’armée des Mameluks comme à celle des Ottomans, aux occupations et aux mandants, et à toutes les servitudes de notre monde mécanisé…. extrait…

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