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La Calligraphie Arabe

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La Calligraphie Arabe – Mohamed Aziza – Préface d’Etiemble

Description

LebanonPostcard présente La Calligraphie Arabe – Mohamed Aziza – Préface d’Etiemble – Livre relié avec une couverture en papier, 31×24 cm, 141 pages.

Lire la Préface:

Avec la chinoise, quelle autre langue que l’arabe produisit tant de calligraphes? tant de calligraphies aux canons irréprochables?

L’écriture arabe étant, de toute évidence épigraphique, antérieure à la révélation du Coran, peut-on quand même soutenir que la langue dont Allah plus tard se manifesterait avait obtenu de toute éternité les germes de ces graphies parfaites? Il est vrai que, sitôt fixé le livre saint, le même alphabet nota efficacement. les ordres d’opérations qui permirent le succès du djihad, et les comptes des marchands qui suivaient les armées. Mais le chinois, qui n’est point la langue d’Allah, n’a pas moins généreusement provigné en beautés.

Ce qui m’étonne plutôt, et que j’admire que des écritures en leur principe aussi étrangères (l’une représentative, concrète: idéogrammatique, riche de milliers de caractères ; l’autre algébrique, abstraite alphabétique, réduite à quelques signes) aient si vite et si durablement produit des formes belles, et si diversement telles.

Rien ne semblait destiner le ductus horizontal de l’écriture arabe, rapide, cursif, quasiment sténographique surtout quand il est réduit au squelette consonantique – à évoluer vers l’une au moins des formes maîtresses qu’il prendra pourtant l’ordre coufique. Epais, puissant, carré, géométrique, monumental, le coufique quadrangulaire semble plutôt, en certaines de ses variantes, un défi à l’alphabet arabe original. Il fut néanmoins très tôt imaginé, et le voici au XXe siècle qui réapparait dans les enseignes des magasins, les placards publicitaires. Cela suggère, au moins que l’esprit humain reste merveilleusement libre,et que la beauté n’a rien à voir avec le réalisme, tel que trop souvent on le conçoit photographie du réel en couleurs vraies.

La première tentation à laquelle succombent, je l’observai, presque tous ceux qui découvrent le coufique quadrangulaire, sera de s’écrier: «on dirait du Mondrian» Oui, et surtout non. D’abord parce que le coufique s’accommode fort bien de variations presque (voire tout à fexact figuratives: rosace, éventail. Ensuite, et surtout, parce que, s’il est exact que la stylisation du coufique quadrangulaire peut devenir à ce point élaborée que seul un savant lettré parvient à déchiffrer l’écrit, écrit toujours il y a, et sens à reconnaître. Les rectangles ou les carrés du coufique ne divisent point l’espace en muette géométrie. Ils signifient, et veulent que le contemplateur s’accomplisse en lecteur. Or jamais, vous ne lirez aux graphismes de Mondrian qu’Allah est plus grand, et Mahomet son prophète. Voilà qui nous interdit d’assimiler aux véritables calligraphes – arabe ou chinois ceux que par un abus de langage on désigne aujourd’hui de ce terme en Europe, et que le plus monstrueux polyglotte ne saurait lire.

A propos de l’autre grand type de la calligraphie arabe, la neshki, on évoque parfois, non plus Mondrian, mais Mathieu. S’il ne s’agit que de comparer les ductus, celui de la neshki peut évoquer, de vrai, certains tracés du peintre français. Reste que, s’il le donne, Mathieu ne donne qu’un plaisir plastique, où vous ne lirez jamais :

c’est vers le moyen âge, énorme et délicat
qu’il faudrait que mon cœur en panne naviguât,
ce qui fut pourtant le credo de Mathieu, mais que Verlaine seul nous permet de déchiffrer.

On pourrait dire, sans forcer, qu’une fois dégagée de la représentation, l’écriture chinoise prit dans la pierre, sous les coups du ciseau, des formes géométriques, mais que l’usage du pinceau, en modifiant fatalement ces formes, en liant aisément les traits, la conduisit vers des courbes élusives, sténographiques, qui peuvent alors évoquer une image concrète, poétique mais étrangère au sens dont la graphie originelle tentait une description.

Parce qu’au départ elle était plutôt sténographique, c’est l’inverse chemin que suivit l’écriture des Arabes.

Evolution d’autant plus émouvante que, même si l’on admet que certains textes révélés tempèrent l’interdiction judéo-musulmane point d’images des créatures ni de leur créateur, la tendance générale des arts musulmans élude en effet l’image. D’où l’arabesque. Or, par de beaux-exemples, M. Mohamed Aziza montre que les calligraphes se jouent par fois de l’interdit. Le nom même de certaines écritures est probant: s’il ne suggérait la tresse, parlerait-on de coufique tressé? La fleur, de coufique floral? Pour qu’une graphie soit en boucles de mariée, en parterre fleuri, il faut bien qu’elle impose l’image de la mariée, celle du parterre. Qui du reste ignore, bien antérieurs à ceux d’Apollinaire, et bien plus heureux plastiquement, les calligrammes persans ou arabes en formes de vase, d’oiseau? Par le jeu des lettres, on est parvenu à restituer jusqu’à la figure humaine. Dans une étude qu’il rédigea pour Schrift en belld, Art and Writing, L’Art et l’Ecriture, Schrift und Bild (Amsterdam et Baden Baden, 1969, volume patronné par l’Unesco), M. Julius Rodenberg reproduit et analyse avec pertinence cette page d’un manuscrit persan (XVIII-XIX) où l’on peut admirer un visage humain vu de face composé au miroir, par rapport à l’axe médian, avec la calligraphie de quatre noms entre tous saints en pays chi’ite: Allah, Mohammed, Ali et Hassan.

“Bild und Schrift, sind zu einer untrennbaren Einheit zugammenge-wachsen, aber sie verwischen sie nicht wie in der modernen Kunst, sie bleiben eine Zweiheit in der Einheit.”

C’est-à-dire «l’image et l’écriture se sont entremêlées pour former une indissociable unité, mais elles ne s’offusquent point comme dans l’art moderne, elles demeurent une dualité à l’intérieur de l’unité.»

(Naturellement, les calligraphes arabes s’amuseront, eux aussi, à imaginer une symbolique des lettres dans leur I, deux bras qui s’enlacent; chez nous, Victor Hugo transformait bien en cathédrale notre H majuscule, alors que certains érotomanes contemporains s’évertuent à y déchiffrer vicieusement l’acte d’amour. Là n’est point la valeur de la calligraphie). Oui, c’est un livre stimulant (et beau) que celui de M. Mohamed Aziza.

ETIEMBLE

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