Kamal Joumblatt – Images d’un destin

Description

LebanonPostcard présente Le Livre: Kamal Joumblatt – Images d’un destin – Almassar, Couverture rigide avec protège, 33×24 cm, 225 pages (Livre usé mais toujours neuf)

Extrait de la préface écrite par Massoud Younes

En assassinant Kamal Joumblatt le 16 mars 1977, sur une petite route du Chouf, c’est plus qu’une vie humaine qu’on interrompait sauvagement. C’est une certaine idée du Liban qu’on chercha alors à abattre, en ces premiers mois d’une guerre qui ravagera pour treize années encore la terre libanaise.

Issu d’une illustre famille druze de la Montagne libanaise, humaniste par éducation, ascète par tempérament, Kamal Joumblatt rêvait sa vie comme un long pélerinage au service des démunis. Un accident, la mort de son cousin, a modifié le cours de son existence et l’a conduit à s’engager dans la vie publique.

Kamal Joumblatt a grandi dans un Orient arabe en pleine recomposition. Après l’effondrement de l’Empire ottoman, balayé par la Grande Guerre, les peuples de la région se mettaient en quếte de nouvelles identités, de nouvelles configurations, de nouvelles aspirations. Les puissances victorieuses avaient imposé alors leur mandat qui dura jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. L’Etat du Grand Liban fut déclaré en 1920; vingt-trois ans plus tard, l’Indépendance du pays était proclamée. Le monde bipolaire qui émergea du conflit plaçait la région au cœur des rivalités de la guerre froide.

La politique de cette époque fut celle des équilibres et des compromis avec les puissances hégémoniques qui controlaient la région. Fin dialecticien, Kamal Joumblatt savait mieux que quiconque manier les contradictions en homme d’Etat. Mais il se distinguait de tous ses pairs, qui avaient pour seul projet politique leur maintien au pouvoir.

Il voulait changer le monde.

Bien sûr, il n’était pas le seul à militer pour un monde nouveau, dans cette région en pleine mutation. Mais les réformateurs de tout poil, libéraux comme socialistes, se présentaient comme des sauveurs dont la seule accession au pouvoir eût suffit à assurer le salut de leur société, indépendamment des méthodes ou des programnes. Kamal Joumblatt n’a jamais cru qu’en politique les fins justifiaient les moyens et se méfia toujours des promesses qu’on oublie aussi rapidement qu’on les fait. Toute sa vie, il crut à la démocratie comme seule méthode de gouvernement.

Il milita avec acharnement pour l’unité arabe, mais pour une unité librement consentie par le peuple et non imposée par une quelconque raison suprême s’incarnant dans la personne d’un leader charismatique. L’Etat qu’il envisageait serait un Etat largement décentralisé, respectueux des différences culturelles et des particularismes locaux.

Militant acharné, mais aussi militant désintéressé. A une époque où l’idéal nationaliste se noyait dans les rivalités politiciennes, Kamal Joumblatt entretenait de bonnes relations avec tous sans appartenir à personne. Toujours critique, jamais égoïste, il joua un rôle d’arbitre, de conciliateur entre les forces et les courants qui poursuivaient le même combat.

La défense de la cause arabe allait de pair avec un appui inconditionnel de la lutte du peuple palestinien. Ce n’est pas du bout des lèvres qu’il en épousa la cause, comme tant d’autres dirigeants arabes. C’est avec le cœur, la raison et par ses actes, jusqu’à son dernier souffle, qu’il s’est battu pour la Palestine.

Témoin d’un monde qui souffre et qui lutte, Kamal Joumblatt fut un “citoyen de l’univers”, commw on disait au XVIIIe siècle. C’était le temps des guerres de libération nationale, en Afrique, en Amérique latine et dans la grande Asie. Mais l’élan libérateur des peuples du tiers-monde se trouvait canalisé, freiné et récupéré par les stratégies rivales des deux grands blocs. La seule issue à cette impasse était à rechercher dans une alliance des pays du tiers-monde contre les deux grandes puissances: ce fut la Troisième Force ou la politique de la neutralité positive. En revenant aux écrits de Kamal Joumblatt, on constatera que l’idée a longtemps mûri dans sa pensée avant de prendre forme politiquement. Aux côtés de Nasser, de Tito, de Nehru, il a participé activement à l’élaboration de ce projet, qu’il considérait comme sa cause la plus noble. Ce que la Troisième Force représentait pour lui c’était non seulement un espoir pour les peuples opprimés du tiers-monde mais, plus largement, l’idéal d’une humanité plus équilibrée, plus libre, plus unie, et donc plus humaine. etc… etc…

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